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Je suis la paix
André Jacob, professeur associé, Université du Québec à Montréal, jacob.andre@uqam.ca
Au bord d’un lac étal irisé par la lumière de l’aube, s’installe
la sensation de la paix du coeur et
de l’esprit. Mais la paix présente
d’autres visages. Plus qu’une absence de conflits, elle résulte de la
négociation des crises par la diplo-matie. Elle fait taire les canons. La
paix se conjugue alors comme le
bien-être des peuples. Elle devient
alors le parapluie et la fibre fondamentale du vivre-ensemble har-monieux entre les êtres humains.
→ Pour demander le respect,
je répète comme un mantra
je suis la paix.
La paix fait aussi appel à la protection du droit à la vie et de tous les
droits fondamentaux dont chaque
citoyen et chaque citoyenne devrait
jouir dans la dignité et la liberté.
Mais, car il y a un mais, la paix ressemble un peu au mythe de Sisyphe.
Elle reste toujours un idéal à atteindre. Elle est constamment sou-mise à mille menaces. Elle avance
à petits pas, à tâtons, toujours en
équilibre instable sur un fil de fer
au-dessus d’un précipice pendant
que des millions d’êtres humains
l’observent. Ils tremblent à l’idée de
la perdre. Parfois, elle bascule dans
le vide.
→ Pour vaincre la peur, il importe
de rejouer sur toutes les scènes
je suis la paix.
La conjoncture mondiale inquiète. L’élection du président amé-ricain milliardaire Donald Trump
ne relève pas du hasard. Il reflète
un choix populaire. Miroir de l’opinion publique galvanisée par de
vastes opérations de propagande.
Cette mouvance de l’extrême-droite
populiste semble planétaire, tout
comme le fut le fascisme durant
les années 30, période de la grande
crise économique qui a généré des
monstres politiques « élus » comme
Hitler, Mussolini, Salazar, Franco
et combien d’autres. Aujourd’hui,
même si des élus démontrent ouvertement leur racisme, leur miso-gynie, leur manipulation de la peur
et leur esprit guerrier, ils reçoivent
l’aval populaire de larges segments
de la population grâce aux fabricants d’images sensationnelles.
→ Pour instaurer la sérénité,
il faut résister en clamant
partout je suis la paix.
La puissance des fabricants
d’armes laisse perplexe. Dans plu-
sieurs pays puissants (États-Unis,
Allemagne, France, Canada, Rus-
sie, Turquie, Philippines, Chine,
Grande-Bretagne et autres), les dé-
penses militaires explosent d’une
façon exponentielle. Les grandes
sociétés transnationales et les riches
oligarques de tous les pays mettent
leur prestige à contribution. Cette
tendance lourde, appuyée par des
opérations de propagande, vise à
convaincre l’opinion publique de
l’importance de bonifier les poli-
tiques guerrières. La « culture de
la guerre » s’infiltre d’une façon
insidieuse dans les esprits… et dans
les politiques.
→ Pour stopper la production
d’armes, je hurle plus fort
que les canons je suis la paix.
Les stratégies guerrières s’ac-tualisent constamment. Le 13 jan-
vier 2017, par exemple, plus de 600
blindés et 3 000 soldats américains
sont entrés en Pologne dans l’indifférence générale. Cette opération
dite Atlantic Resolve a été décidée
par l’ex-président des États-Unis,
Barack Obama (prix Nobel de la
paix !). Le déploiement s’étendra en
Lituanie, en Lettonie, en Estonie, en
Hongrie, en Roumanie et en Bulga-rie au nom du renforcement de la sécurité contre la Russie. S’ajouteront
quatre bataillons internationaux
de l’OTAN. Ce déploiement sans
précédent ressemble à une escalade
militaire pour déstabiliser pour la
sécurité européenne. Pendant ce
temps, les profits des producteurs
d’armes grimpent.
→ Pour contrer la course aux
armements, je peins sur
tous les murs je suis la paix.