Terre-Neuve-et-Labrador est la province où il y a la plus
faible proportion de francophones
aux Canada, mais au mois d’août,
quand l’Église Unie du Canada
s’est réunie à Corner Brook, il y
avait du français dans l’air
Du moment où le modérateur
Gary Paterson, s’est prononcé en
français pour déclarer l’assemblée
ouverte, nous étions lancés dans
une expérience plutôt sans précé-dent. On entendait le français
un peu partout : lors des cultes
grâce à Étienne LeSage qui en
fut la voix française ; dans les
comptes-rendus du modérateur et
de la secrétaire générale qui ont
lu une partie de leurs rapports
respectifs en français ; pendant les
annonces par Rosemary Lambie
dans son rôle d’amie du Conseil ;
dans les nouvelles en ligne et
les articles signés par Stéphane
Gaudet ; et dans le discours d’une
des nommées pour le poste de
modérateur-rice, Jordan Cantwell,
celle qui devait par la suite
être élue.
Le point culminant de la pré-
sence française fut la présentation
par les 13 jeunes pèlerins qui
avaient traversé le pays ensemble
de Vancouver à Corner Brook
afin de se préparer pour leurs
responsabilités comme délégué-es
au Conseil. Quand ils ont fait
leur rapport collectif – une repré-
sentation passionnante – ils l’ont
fait dans les deux langues. Ils
venaient de tous les synodes :
certains étaient francophones
ou bilingues, d’autres étaient
plutôt hésitants mais au moins
la moitié du groupe a pris la
parole en français. C’était
émouvant et inattendu. C’était
un témoignage du fait français
à travers le pays et au coeur de
l’Église. La nouvelle génération
de leaders de notre Église
est instinctivement ouverte
au bilinguisme et le Conseil
général l’a bien compris.
Pourtant, les ministères en français n’étaient pas présents dans
les discours pendant les sessions
plénières. On n’a entendu le
français au micro que deux fois,
ceci malgré le fait que le comité
de séance (qui s’était réuni avant
le début du Conseil général pour
étudier en profondeur les quelque
90 propositions reçues en réponse
aux recommandations du Groupe
de travail sur la révision globale)
avait signalé qu’il voulait que
deux propositions soient présen-
tées en session plénière afin
d’avoir l’avis des délégués. Les
deux touchaient aux ministères en
français : une qui réaffirmait la
décision du 40e Conseil général
à Kelowna que les ministères en
français font partie intégrante
de l’identité de l’Église Unie du
Canada et l’autre qui proposait
un réseau décisionnel avec
budget pour les ministères
en français. Le comité de
séance avait créé un hybride
de cette dernière avec une
proposition semblable de la
part des jeunes qui voudraient
leur propre réseau déci-
sionnel aussi. Vu la len-
teur avec laquelle la
discussion des
recomman-
dations du
comité s’est déroulée, ces deux
propositions ont été transmises à
la secrétaire générale qui devra
en faire le suivi.
Malgré ma déception devant le
peu de discussion sur les ministères en français aux micros, je crois
que le fait français est dorénavant
bien établi au sein de l’Église. Il
s’agira de bien jouer nos cartes
dans les discussions qui suivront
au niveau de l’Exécutif du Conseil
général. C’est là où les procédu-res, modalités, et fonctionnement
des nouvelles structures seront
établis. Les deux représentants
francophones à l’Exécutif sont
Caroline Penhale (Consistoire
d’Ottawa) et Félix Bigirimana
(Consistoire Laurentien). Ils auront
besoin d’alliés francophiles et ils
auront besoin de votre appui lors
de ces discussions.
Le bilan du 42e CG pour les
ministères en français est mitigé
– on entendait le français chaque
jour, mais les enjeux des ministères
en français n’ont pas été débattus.
En fin du compte, je me dis que
l’espoir pour l’avenir réside dans
une nouvelle forme de ministère
et de mission en français et que
ce sont les jeunes qui vont la
réaliser. Ceux et celles qui se sont
exprimés dans les deux langues
sauront revendiquer les droits des
minorités, que notre Église a tant
à coeur.
Du français au
42e Conseil général
à Corner Brook